Né le 24 juin 1896 à Ernée. Fils d'Emile Humbert, gendarme, et de Marie Morvan. Entré au lycée de Laval en janvier 1907, il en sort en juillet 1914. Reçu à l'Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr, promotion « La Grande Revanche », il s'engage pour huit ans le 10 août 1914 à la mairie de Laval au titre du 124e RI. Caporal le 20 octobre.
Le 1er septembre 1914, Emile Humbert est affecté au dépôt du 117e RI du Mans pour y suivre les cours d'officier. Nommé sous-lieutenant le 5 décembre 1914 et dirigé le 11 janvier 1915 sur le 104e RI.
Blessé le 27 février 1915 à Perthes-les-Hurlus d'une balle à la cuisse droite.
Fiche remplie par le lieutenant Emile Humbert
pour l'adhésion à l'Amicale des Anciens Elèves du Lycée de Laval.
(AD de la Mayenne Fond 490 J)
Après 7 mois d'hôpital à Vichy et 3 mois de convalescence, Emile Humbert rejoint le 104e RI le 20 janvier 1916 en Champagne.
Commandant de la 9e compagnie (3e bat.), il est nommé lieutenant le 20 novembre 1916. Le 104e régiment d'infanterie occupe les secteurs du ravin de la Couleuvre et celui des Trois Cornes depuis le début novembre. Le 24, l'unité remonte en ligne dans le même secteur, chargée de travaux offensifs en vue de l'attaque du 15 décembre 1916. Le 3e bataillon relève en 1ere ligne le 4e bataillon du 315e régiment d'infanterie.
Le lieutenant Emile Humbert est blessé d'une balle à la tête le 27 novembre 1916 en faisant exécuter des travaux d'approche en vue de la reprise de Douaumont. Les brancardiers divisionnaires prenaient les blessés à MF6 et même plus en avant. De là, ils les emmenaient aux carrières La Folie, puis, à la tombée de la nuit, les blessés étaient conduits à la sape Belfort où le service de santé les prenaient en charge pour les ambulances de Verdun et au delà, à Fontaine-Routon.
Le colonel Béringer, commandant le 104e RI, le vit avant son transport à l'ambulance et demanda pour lui la Légion d'Honneur. Elle lui fut remise à l'ambulance 12/20 de Fontaine-Routon. Emile Humbert décéda le 11 décembre 1916 et fût inhumé le lendemain dans le cimetière de Souhesmes-la-Grande (Meuse). Il venait d'avoir 21 ans.
extrait du JMO de la 5/55, février 17 (Merci à Michel)
Lettre du 15 mai 1917 du commandant Marchant, commandant le 3/104 à son père: « … j'aimais ce grand garçon droit, franc, au caractère enjoué, qui était du reste adoré de tous ses camarades comme de ses hommes. Je l'admirais pour son calme, pour sa bravoure. En tant que militaire, j'avais pour lui l'estime qu'un chef doit accorder à ceux qui avaient, comme lui, une notion si haute , si élevée, de son devoir. Aussi, grande fut ma peine lorsque j'appris sa blessure. Celle-ci fut pansée dans le plus bref délai, grâce au dévouement du docteur Mory, un bon ami de votre fils, qui, au péril de sa vie, vint lui prodiguer immédiatement ses services... ».
Lettre du père du lieutenant Humbert à monsieur Ramard, secrétaire-adjoint de l'Amicale.
(AD de la Mayenne Fond 490 J)
Ordre de la brigade du 10 octobre 1916 : « Blessé à Perthes-les-Hurlus le 27 février 1915 en chargeant à la tête de sa section. A fait preuve dans les opérations du 11 au 23 novembre 1916 de courage et de sang-froid donnant à ses hommes l'exemple du mépris du danger ».
Citation à l'ordre du jour de l'armée : « Lieutenant (active) à la 9e compagnie du 104e régiment d'infanterie, jeune officier, d'un dévouement et d'un courage exemplaires. Déjà blessé et cité à l'ordre, a été à nouveau très grièvement atteint, le 27 novembre 1916 en dirigeant des travaux en première ligne, dans un secteur particulièrement actif » .
Croix de guerre avec palme. Chevalier de la Légion d'Honneur par décret du 17 février 1917.
Sources :
- Annuaire de l'Association Amicale des Anciens élèves du Collège et du Lycée de Laval
- Historique du 104e RI
- Fiche matricule AD de la Mayenne
- JMO des unités concernées dans la série 26 N
Merci aux camarades du Forum 14/18 concernant les renseignements sur l'ambulance 12/20
Né le 22 avril 1885 à Plouaret.
Mobilisé au sein du 248e RI composé en majorité des classes 1903 à 1907 et commandé par le colonel Poirrier. Le régiment quitte Guingamp le 9 août 1914 et connaît son baptême du feu à Mogimont le 22 août.
Le 8 septembre, le 248e est engagé dans la bataille de la Marne notamment à Sommesous. A la mi-septembre, il occupe ses premières tranchées dans la région Moulin de Souain/ferme des Wacques. A partir de la fin décembre, le 248e RI occupe et organise le front entre Souain et Perthes-les-Hurlus. C'est un secteur sous bombardement continuel de toute sorte. Tous les jours, des mines explosent sous les positions françaises et ensevelissent de nombreux soldats sous des tonnes de gravats.
Le 25 février 1915, le sergent Francis Le Henaff se distingue une première fois en allant secourir des blessés tombés près des lignes allemandes au cours d'une attaque de nuit sur les tranchées sud et est du bois Sabot. L'action est déclenchée à 3h15. Très vite, les mitrailleuses allemandes bloquent net toute avance. Des fils de fer empêchent le franchissement. Cloués au sol, les hommes en peuvent plus bouger. Certains commencent à amorcer un mouvement de recul sur les tranchées de 1ere ligne. Le colonel en informe la brigade qui ordonne alors de regagner les positions de départ : « L'attaque n'ayant pas réussie, les troupes reprendront les emplacements d'hier ». Peu après 4h00 du matin, les bataillons du 248e se replient en bon ordre.
Le 29 mai 1915 il est atteint de quatre blessures à la suite de l'explosion d'une mine et est cité pour son courage. Il obtient ce jour là la Médaille Militaire et la Croix de Guerre. La mine éclata à 23h45. Les 2 sections qui s'étaient retirées revinrent au pas de course et se remirent à reconstituer le parapet sous la fusillade.
Après un séjour en hôpital militaire, Francis Le Henaff est affecté au 48e RI à la fin de l'année 1915. Il rejoint la 6e compagnie du 2e bataillon. Le régiment est alors en Argonne dans le secteur du Four de Paris/La Harazée.
Puis ce sera Verdun en mars/août 1916, la Champagne en septembre 16/janvier 1917, la Somme en mars 1917, Moronvillers en avril/mai 17, la côte 344 à Verdun en septembre/octobre 17 puis les Hauts de Meuse jusqu'en mars 1918.
En juillet/août 1918, le 48e RI participe à la contre offensive sur la Vesle. La 6e compagnie de Francis Le Henaff perd son chef, le capitaine Emile Ollivier tué le 23 juillet 1918 en atteignant la voie ferrée de Plessier-Huleu dans l'Aisne. Le lieutenant Liboudan le remplace.
Fond de carte géoportail
Le 2 août 1918 la poursuite commence sur l'axe Fontaine-aux-Chênes/Violaines. Le 48e RI talonne l'ennemi qui se retire en direction de La Vesle. L'objectif du régiment reste La Ferme La Siège et l'éperon 144. A 17h00, les hommes arrivent à la lisière est du parc du château de Muret et des Crouttes.
Fond de carte géoportail
Le 3 août 1918, par suite des difficultés rencontrées par le 71e RI, le 48e RI est amené à déboucher en tête de la division par Violaines sur la côte 144. le 2e bataillon occupe les hauteurs boisées au nord de la côte 144 poussant des éléments avancés jusqu'à la Vesle. Les allemands opposent une vive résistance sur la Vesle qu'il est impossible d'aborder de jour. Francis Le Henaff est blessé une seconde fois assez gravement. Il y perdra la jambe droite mais survivra au conflit.
Merci à Maryse, la petite fille de Francis Le Henaff, pour avoir mis à notre disposition ses documents familiaux.
Sources :
- Historiques des 48e et 248e régiments d'infanterie
- JMO des unités concernées SHD Terre dans la série 26 N
Né le 18 octobre 1890 à Saint-Brice, de Germain et d'Honorine Martin. Son père était le directeur de l'école primaire de Bais. Sort du Lycée de Laval en 1910, école préparatoire au lycée de Nantes. Ecole Spéciale Militaire de Saint- Cyr Promotion « Des Marie-Louise 1910-1914 ».
Affecté au 1er régiment d'infanterie colonial le 23 décembre 1913.
En août 1914, Henri Vannier appartient à la 5e compagnie commandée par le capitaine Lacourière. Le 1er RIC est rattaché à la 1ère brigade coloniale et à la 3e division infanterie coloniale.
Le 20 août 1914, la 3e DIC fait mouvement sur Meix-devant-Virton avec un détachement mixte (1er RIC, 1 batterie du 2e , ½ escadron du 6e Dragon). Il s'agit d'une étape de 27 km.
L'ordre d'opération pour le 22 août prévoit que la 3e DIC marchera sur Neufchâteau via Saint-Vincent, Rossignol et Les Fosses en une seule colonne.
Le temps est superbe et le brouillard s'est levé. Mais les hommes sont fatigués par deux marches de nuit consécutives. La distribution des vivres ne s'est faite que partiellement au petit matin. Le général commandant la 3e DIC prescrit avec insistance de ne pas se laisser accrocher par la cavalerie ennemie et de marcher vite.
Vers 7h00, le 1er RIC, avant-garde, débouche à Rossignol, traverse le village et s'engage dans la forêt par la route rectiligne.
Des coups de feu ne tardent pas à éclater d'un petit bois à l'ouest de la route, coté 353. Les Dragons du lieutenant de Massa se lancent à la poursuite de l'ennemi et se heurtent à une vive résistance. Le 1er RIC intervient et se déploie en tirailleurs de chaque côté de la route.
Fond de carte in Revue Militaire Française, mars 1930
Cette route qui va de Rossignol à Neufchâteau traverse la forêt sur 5 km et débute par une côte légèrement accentuée sur 1500 m. Sur le sommet, l'avant garde de la 12e division allemande attend les français dans des tranchées bien dissimulées et défendues par des mitrailleuses.
Le 2e bataillon du 1er RIC marche en tête mais subit des pertes sensibles, exposé à des feux d'enfilade. L'artillerie est encore sur la route. Le feu de mousqueterie est donné à courte distance. L'ennemi est invisible et la forêt est trop dense pour favoriser toute manœuvre. Le 2/1 RIC après plusieurs assauts à la baïonnette ne peut enlever les tranchées allemandes. La forêt est très touffue, la vue est limitée et les cheminements difficiles.
Très vite tout le 1er RIC est engagé. Les trois chefs de bataillon tombent les uns après les autres et avec eux beaucoup d'officiers et de soldats. A la 8e compagnie, on ne retrouvera que 26 hommes, à la 7e ne reviendrons que 37 survivants. Les ¾ des unités sont fauchés.
Vers 11h00, les coloniaux tiennent toujours tête à l'ennemi dans la forêt.
Mais peu à peu, on se replie sur Rossignol et vers 14h00 les allemands sont maîtres des bois.
Vers 16h45, sous la pression d'un bombardement effroyable, les débris du CAC réussissent à franchir les lignes ennemies encerclant le village.
Nous ne savons pas à quel moment précis est tombé le sous-lieutenant Henri Vannier. Probablement au cours de la mêlée sanglante dans la forêt.
Sur le territoire de Rossignol ont été érigés en 1917 et 1918 trois cimetières sous l'autorité des forces allemandes d'occupation.
Henri Vannier repose aujourd'hui au sein de la Nécropole Nationale « Plateau », N°12.
Sources :
- Rossignol, Lieutenant-Colonel Pugens, in Revue Militaire Française, mars 1930
- JMO des unités concernées SHD Terre dans la série 26 N
- Fiche matricule AD de la Mayenne
- L'invasion allemande, chanoine Schmitz et dom Nieuwland, librairie d'art et d'histoire, 1924, tome 8
Né le 29 juillet 1882 à Laval de Jules et Gripon Françoise. Elève au Collège de l'Immaculée Conception de Laval puis à Sainte-Croix du Mans. Ecole Sainte Geneviève (1900-1903).
Admis à l'Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr en 1903. Promotion « de la Tour d'Auvergne 1903-1905 ».
Sorti sous-lieutenant et affecté en octobre 1905 au 44e régiment d'infanterie. Lieutenant en 1907 et passé au 72e régiment d'infanterie.
En août 1914, Emile Lonfier est officier à la 3e compagnie (1/72).
Le 72e RI quitte Amiens le 5 août 1914 en direction de la Belgique. Il est engagé à Virton à la ferme du Hayon le 22.
A partir du 24 août 1914, c'est une succession de retraits face à la pression allemande : Thonne-la-Long, Montmédy. On franchit la Meuse le 26 à hauteur de Mouzay et fait étape à Beauclair et Halles.
Fond de carte géoportail
Le 27 août 1914, au milieu de la matinée, le 72e régiment d'infanterie se rassemble aux lisières de la forêt de Dieulet, remontant un peu au nord. Au réveil la pluie tombait drue mais désormais le temps est plus clément. Vers 17h00, le régiment est désignée pour effectuer une contre-attaque sur Cesse que les Allemands viennent d'atteindre. Le but est de rejeter l'ennemi dans la Meuse. Dès 16h30, les 5e et 6e batteries du 42e RAC avaient pilonné la lisière est de Cesse et les pentes de la rive droite de la Meuse depuis la côte 218.
On doit alors traverser la forêt de Dieulet et le rythme est lent. Les bois sont sombres et humides. Les compagnies ne sont en place que vers 19h30.
Le 1er bataillon se trouve immédiatement engagé. Il arrive à atteindre la ligne de chemin de fer qui relie Cesse et Luzy malgré une double haie très solide. Les batteries du 42e RAC continuent de matraquer les forces ennemies au delà du village. La rue centrale de Cesse se trouve bloquée par des barricades et des positions de mitrailleuses allemandes. Certaines unités entrent pourtant dans le village et atteignent le cimetière jusqu'à ce que l'ordre de retrait leurs parviennent. Il faut alors rebrousser chemin dans le noir absolu.
Dans la forêt, la relève des blessés s'avère difficile. Il faut secourir de nuit à travers des bois défoncés, épais et impraticables. L'ambulance 3 du 2e CA à Buzancy à organisé dans la journée du 27 août l'évacuation de 1840 blessés par convois sanitaires automobiles sur Granpré pour continuer l'évacuation par train sur Châlon et Rennes et par train spéciaux sur Vouzier.
L'hopital de Vouziers sous occupation allemande. On remarque deux soldats français.
Est-ce à cet endroit que le capitaine Lonfier succomba le 28 août ? (DR)
C'est au cours d'une reconnaissance que le lieutenant Lonfier est blessé. Etait-ce dans le village même de Cesse ? Deux de ses hommes allèrent le chercher dans les lignes allemandes et l'emmenèrent probablement au poste de secours régimentaire. Emile Lonfier décède à l'hôpital annexe de Saint-Louis à Vouziers le 28 août 1914 alors que sa brillante conduite lui avait valu l’obtention du grade de capitaine. L'acte de décès ne sera rédigé que le 29 au matin. Les deux signataires sont civils, directeur d'école pour l'un, employé communal pour l'autre.
Emile Lonfier aurait été enterré par les autorités allemandes dans le cimetière de Vouziers, tombe « spéciale » N°3. Aujourd'hui, une sépulture lui est consacré au cimetière de Laval.
L'Echo de la Mayenne, édition du 15 octobre 1914.
Ses hommes disaient de lui que « C'était un chef estimé entre tous : il était de ceux avec qui l'on va partout et pour qui l'on ferait tout, même l'impossible ».
Sa mère le décrivait ainsi : « Esprit fin, âme élevée, nature sympathique et généreuse, il ne paraissait vivre que pour ses soldats et ne semblait même n'avoir qu'un but, un souci : leur donner son âme et faire passer en eux quelque chose de son savoir et de son patriotisme. C'est ainsi que, dans les longs hivers passés dans les forts de l'Est (où il était en garnison), il établit l'école du soir, coopérative, conférences, séances de projection : tout lui était bon, tout servait sa pensée ».
Sources :
JMO des unités concernées dans la série 26 N
Fiche matricule, AD de la Mayenne
Livre d'Or de l'Ecole Sainte Geneviève
Merci aux amis du Forum 14/18 et tout particulièrement à Laurent qui anime sans relâche depuis des années le blog du 72e RI : http://72emeri.pagesperso-orange.fr/
Merci à M. Jacques Fouré pour l'autorisation de diffusion de la photographie du lieutenant Emile Lonfier http://www.premiumwanadoo.com/memorial-morts-pour-la-france-80/memorial/grandesecoles/stcyr.htm
Robert Hertz, ethnologue, disciple d'Emile Durkheim et de Marcel Mauss, est né à Saint-Cloud le 22 juin 1881. Admis à l'Ecole Normale Supérieure en 1900, reçu premier à l'Agrégation de philosophie de 1904, il s'oriente très tôt vers la sociologie. Créateur des Cahiers du Socialisme en 1908, il collabora à divers revues scientifiques. En août 1914, il est mobilisé au sein d'une unité territoriale. Volontaire pour passer dans l'active, il rejoint le 21 octobre 1914 le 330e RI. Sous-officier pendant un temps, il est nommé sous-lieutenant le 3 avril 1915. Le 12 avril 1915, il est engagé avec sa compagnie (la 17e commandée par le lieutenant Pollet ) à l'assaut de la côte 233 à Marchéville et tombe dès les premières minutes.
Sa dernière lettre à son épouse Alice est datée de la veille : "Chère Alice, Je vais très bien. J'ai eu le plaisir de rencontrer hier Henri Lévy-Bruhl gras et rose. Il fait plus beau. Je tâcherai de t'écrire demain si je puis. Porte-toi bien, aie confiance. Tendresses."
Con corps repose aujourd'hui au sein du petit carré militaire du cimetière communal d'Haudiomont dans la Meuse (55).