La correspondance de Fulbert Bedouet
Il y a quelques semaines, un collectionneur nous a fait parvenir un ensemble de 32 cartes de correspondance militaire d'un poilu mayennais. Celles-ci s'étalent de février 1915 à juillet 1916.
Fulbert Bedouet, le signataire de cet ensemble, est né le 2 novembre 1894 à Saint-Germain de Coulamer, près de Courcité. Ses parents étant boulangers, il exerce avant guerre la profession de livreur de pain.
Classe 1914, Fulbert est incorporé le 4 septembre 1914 au sein du 104e régiment d'infanterie. Il est nommé caporal le 11 novembre 1914, puis sergent le 4 octobre 1915. Le 6 novembre 1915, il prend les fonctions de sergent fourrier à la 8eme compagnie.
En septembre 1915, il est cité à l'ordre de la division : « Excellent caporal, courageux, dévoué, volontaire pour toutes les patrouilles, a constamment fait preuve de sang froid, en particulier dans la nuit du 26-27 août 1915 en maintenant sur place sa patrouille, malgré le bombardement de l'ennemi donnant à tous l'exemple du plus grand calme ».
Fulbert Bedouet est tué à l'ennemi le 6 novembre 1916 devant Douamont alors que le 2e bataillon, qui occupait le quartier du bois Ablain, passe dans le quartier de la Couleuvre pour relever le 3e bataillon sous un bombardement continu.
15.02.1915
Je vous adresse vite quelques mots ce matin. Je n'ai que quelques instants de libres. Ça va toujours très bien. Je vous donnerai des détails dès que je le pourrai.
F. Bedouet
103e Bat de marche
14e compagnie
10e escouade secteur postal 71
21.09.1915
Chers parents et chère sœur,
Je n'ai pas encore eu les correspondances arrivées hier soir. Je ne suis pas encore relevé de mon service et la compagnie étant montée aux tranchées le vaguemestre est parti avec elle. Je dois aller la rejoindre ce soir à six heures.
Rien de bien intéressant ici, nous avons toujours du beau temps, c'est un avantage.
Bonjour aux (...)
Au revoir et à demain.
Votre fils et frère qui vous aime.
02.10.1915
Ma chère Estelle,
Vite je t'adresse un mot. Je suis toujours en cantonnement et pour quelques semaines encore peut être. Demain je t'écrirai plus longuement.
Au revoir
Ton frère qui t'aime.
04.10.1915
Ma chère Marie-Thérèse,
Je n'ai pu écrire hier. Je vais toujours très bien.
Au revoir à demain.
22.10.1915
Chers parents et chère sœur,
Vite un mot. Le vaguemestre passe pour prendre les lettres. Ça va toujours très bien. Je vous écris plus longuement tantôt.
Au revoir
27.10.1915
Chers parents,
Un mot seulement. Le vaguemestre passe. Ça va toujours très bien.
Au revoir et à demain.
Votre fils.
30.10.1915
Chers parents,
Ai reçu vos lettres alarmées. Soyez sans inquiétudes tout va bien. Envoyez si vous voulez capuchon et vivres (…) Envoyez aussi une bonne paire de quatre chaussettes et lainages, 1 passe montagne et mon chandail blanc (...)
Au revoir. Ecrirai le plus souvent possible.
12.12.1915
Chers parents,
Je suis entré à l'infirmerie avant hier. J'avais une assez forte fièvre mais ça va beaucoup mieux. Je vous tiendrai au courant de mon état tous les jours si c'est possible.
Au revoir
14.12.1915
Chers parents,
Je vous écris d'une ambulance du corps où je suis évacué depuis ce matin. De là je vais passer à un hôpital tout proche d'où je gagnerai probablement l'intérieur.
Au revoir
22.12.1915 Lettre de l'adjudant Janvier Adrien de la 8e compagnie
Chers Monsieur et Madame,
J'espère que vous avez reçu des nouvelles de Fulbert. Il m'a écrit aujourd'hui. Je lui renvoie cette lettre que j'ai reçu pendant qu'il avait pas eu le temps de vous avertir. J'espère qu'il va bientôt revenir avec nous car il n'était pas gravement malade c'était simplement un peu de fièvre.
En attendant le plaisir de vous connaître je vous envoie mes meilleures amitiés.
05.02.1916
Chers parents et chère sœur,
Je vous écris vite quelques lignes qui partiront ce soir. Je vais vous adresser une lettre
bientôt.
Au revoir
14.02.1916
Chers parents et chère sœur,
Je n'ai rien de neuf à vous raconter aujourd'hui. Je crois partir demain matin pour aller au repos mais je n'ai pas encore reçu d'ordre.
Au revoir et bon courage.
Votre fils et frère qui vous aime.
16.03.1916
Chers parents et chère sœur,
Je vous écris bien vite. Je n'ai guère de temps disponible. Ça va toujours à merveille. Demain j'aurai plus le temps de vous donner des détails.
Au revoir et bon courage.
Votre fils et frère qui vous aime.
17.03.1916
Chers parents et chère sœur,
Je vous écris à la hâte. Je suis occupé cet après midi. Tout va bien toujours.
Au revoir à demain.
Votre fils et frère qui vous aime.
18.03.1916
Chers parents et chère sœur.
Ça va toujours très bien. Aujourd'hui les boches ont été plus calmes.
Au revoir et à demain.
Votre fils et frère qui vous aime.
20.03.1916
Chers parents et chère sœur,
J'ai été très occupé toute la journée et je n'ai guère eu le temps d'écrire. Demain je serai un peu plus libre et je tâcherai de vous envoyer une lettre. Je vais toujours très bien. Vous aussi sans doute.
Au revoir et bon courage.
Votre fils et frère qui vous aime.
22.03.1916 Ferme de P.
Chers parents et chère sœur,
Ça va toujours à merveille. J'ai vu Julien hier soir et Chartier aujourd'hui.
Au revoir et à demain plus de détail.
2
7. ?. ?
Chers parents et chère sœur,
Ça va toujours bien. Je suis paresseux en ce moment et il ne faudrait rien moins que l'annonce de la fin de la guerre pour me décider à faire une lettre.
Au revoir à bon courage.
Votre fils et frère qui vous aime.
01.04.1916
Chers parents et chère sœur,
Je n'ai rien de nouveau à vous dire ce soir. Je vais beaucoup mieux. Mon œil ne me fait plus souffrir. Je porte un bandeau rapport qui fait du vent mais la paupière est presque désenflée.
Au revoir à demain.
Votre fils et frère qui vous aime.
Merci beaucoup des colis arrivés en bon état.
04.04.1916
Chers parents,
Je viens de recevoir votre lettre du 31. Ça va toujours ne vous inquiétez pas. Je suis paresseux un peu et bien occupé voilà tout.
Au revoir et à demain.
0
9.04.1916
Chers parents et chère sœur,
J'ai eu ce matin vos deux lettres du 1er et 2. Ça va toujours à merveille et je ne me ressens aucunement de mon indisposition de la semaine passée.
Au revoir et bon courage.
Votre fils et frère qui vous aime.
22.04.1916
Chers parents et chère sœur,
Ça va toujours à merveille. Je suis pressé et n'ai guère le temps d'écrire.
Au revoir
2
9.04.1916
Chers parents et chère sœur,
Je vous écris des tranchées où la compagnie se trouve depuis un jour. Le coin est des plus calmes, c'est un vrai paradis. Surtout plus jamais d'exercices quel bonheur. Il y a bien quelques obus mais (…) les boches tapent toujours à côté.
Au revoir et à demain.
01.05.1916
Chers parents et chère sœur,
Je n'ai rien de nouveau à vous dire aujourd'hui. Est-ce que Planchais vous a remis les photos que je lui avais données ?
Au revoir et à demain.
Votre fils et frère qui vous aime.
03.05.1916
Chers parents et chère sœur,
Je n'ai encore rien de nouveau à vous dire ce soir. Le secteur est toujours calme et les boches tranquilles. J'ai vu Julien et P. Jardin ce soir.
Au revoir et à demain.
Votre fils et frère qui vous aime.
07.05.1916
Chers parents et chère sœur,
Je n'ai rien de nouveau à vous dire aujourd'hui. La compagnie est arrivée au cantonnement ce matin pour y rester une huitaine.
Au revoir et à demain.
Votre fils et frère qui vous aime.
13.05.1916 Ambulance ¼ SP 71
Je me suis trouvé mal hier dans l'après midi et ce matin le major m'a évacué pour courbature fébrile. Ce n'est rien, pas d'inquiétudes. Je vais bientôt être guéri.
Au revoir.
17.05.1916 Ambulance ¼ SP 71
Chers parents et chère sœur,
J'ai reçu ce matin votre lettre et les (…). Merci beaucoup. Je vais toujours assez bien et je crois être guéri sous peu.
Au revoir à demain.
27.05.1916 Ambulance ¼ SP 71
Chers parents et chère sœur,
J'ai vu S. Lepert hier soir encore en rentrant de l'ambulance chirurgicale où j'avais été voir Hozan qui n'est pas encore parti. Je le croyais évacué l'autre jour mais il était à la salle d'opération pour subir un nouveau plâtrage de sa jambe.
Au revoir
04.06.1916 Ambulance ¼ SP 71
Chers parents et chère sœur,
Je n'ai rien eu de vous ce matin. Ce sera pour demain. Je vais toujours bien et je vais demander à rejoindre ma compagnie si le mieux continue. Je crains de perdre ma place.
Au revoir et bon courage.
Votre fils et frère qui vous aime.
02.07.1916
Chers parents et chère sœur,
Je ne connais rien de nouveau à vous dire aujourd'hui. Il fait un temps magnifique depuis deux jours et à la compagnie nous sommes tranquilles.
A demain.
Votre fils et frère qui vous aime.
03.07.1916
Chers parents et chère sœur,
Je n'ai rien encore rien de nouveau à vous dire aujourd'hui. Je vais toujours bien et à la compagnie de dépôt la vie est toujours tranquille.
Au revoir et bon courage.
Votre fils et frère qui vous aime.