Portraits de combattants


Lieutenant raymond Sesboué

 

Pour faire suite au portrait que nous avions dressé du lieutenant raymond Sesboué, voici l'entrefilet évoquant l'annonce de son décès paru dans le quotidien L'Echo de la Mayenne daté du 23 octobre 1914. A noter que le rédacteur avait orthographié Lesboué au lieu et place de Sesboué.

 

 

 

(Archives Départementales de la Mayenne

cote 1 Pe 34/72)


30/07/2011
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Les frères louis et constant Gendry

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Louis Gendry est né le 4 octobre 1894 à Cossé-le-Vivien. Classe 1914 affecté au 23e régiment d'infanterie colonial.

Blessé le 2 juillet 1916 à Becquincourt. Mort pour la France le 3 août 1916 à l'hôpital 13 à Marcelcave dans la Somme.

Une attaque à laquelle prend part le 1er CAC doit débuter en juillet 1916.

Extrait de l'Historique du 23e RIC :

 

L'attaque est déclenchée le 1er juillet. Au cours des journées précédentes, de nombreuses patrouilles, même en plein jour, ont vérifié l'achèvement des destructions. Le régiment a pour premier objectif les villages de Dompierre et de Becquincourt. Le deuxième objectif est la seconde position allemande, éloignée de la première d'environ 2 kilomètres et formant courtine entre les villages d'Herbécourt et d'Assevillers. L'attaque est menée par les 1er et 2e bataillons formés en quatre vagues d'assaut.

A 9H30, la première vague franchit les parapets et, dans un ordre parfait, s'élance sur la position ennemie. Ne subissant que de faibles pertes, cette vague, suivie par la 2e et la 3e, occupe les premières lignes ennemies, puis s'empare du village de Dompierre, en totalité. La progression vers Becquincourt continue, les hommes sont merveilleux d'entrain, tous les mouvements d'unités sont exécutés comme à une parade. Le second village est enlevé et aussitôt organisé. L'artillerie

continue à concentrer son feu sur la seconde position ennemie. A 15 heures, le régiment, dont toutes les unités sont bien en mains de leurs chefs respectifs, reprend sa progression; puis, sous un feu violent de mousqueterie et de mitrailleuses, il continue sa marche en bon ordre. A 300 mètres de la position, la progression se fait par bonds; les unités de tête parviennent à s'infiltrer, malgré le feu nourri de l'adversaire. A 19 heures, le régiment est maître de la position. Des barrages sont établis au nord et au sud, les régiments voisins n'étant pas parvenus sur le second objectif dans cette première journée. Les contre-attaques pendant la nuit et la matinée du 2 juillet sont aisément repoussées. A 13h30, l'ennemi débouchant de Flaucourt en petites colonnes à travers champ, se porte à l'attaque de nos positions. Notre feu de mousqueterie et de mitrailleuses très meurtrier n'empêche pas cependant l'ennemi de progresser au nord et au sud, il redouble d'efforts pour déborder nos barrages; la situation devient critique. Une contre-attaque à la baïonnette sur le terre plein est exécutée, le capitaine DEFER et le lieutenant LOUIT, devant le danger, se sont élancés les premiers, entraînant vigoureusement leurs hommes; le premier est blessé grièvement, le second est tué dans un corps à corps. L'attaque est repoussée, le tir, maintenant très précis de notre artillerie, achève la déroute de l'adversaire. Nos pertes sont assez sérieuses à la suite de cette attaque.”

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Constant Gendry est né le 17 janvier 1893 à Cossé-le-Vivien. Classe 1913. Affecté au 9e régiment de cuirassiers. Mort pour la France le 23 mars 1918 au Bois des Frières dans l'Aisne.

Initiallement destiné à relever les anglais de la 18e DW, le 9e cuir est lancé dans la bataille en pleine confusion.

Le régiment est alors engagé dans une contre-attaque en vue de dégager la gauche de la 125e DI.

 

 

 

 

Fond de carte extrait SHD Terre 26 N 427

 

 

 

La situation matérielle n'est guère favorable. Le ravitaillement n'a pas été apporté. Les hommes ont sur eux leurs cartouches réglementaires, mais n'ont ni grenades, ni fusées-signaux, ni appareils de liaison/téléphone. Par contre, ils progressent à travers champs avec un sac lourdement chargé.

La préparation d'artillerie par la 125e DI est nettement insuffisante. Les mitrailleuses allemandes sont intactes.

L'objectif est la Maison du Garde et la lisière est du Bois des Frières.

A 17h40, le 1er bataillon s'élance à l'attaque. Malgré un feu intense, l'attaque progresse dans la clairière nord de la côte 104. Mais la gauche faiblit sous l'effet d'une contre-attaque. Le bataillon est obligé de revenir à la lisière ouest.

Le 3e bataillon ne peut déboucher des bois. Le 2e bataillon est débordé par les deux ailes vers 18h15.

Les pertes sont sérieuses et les munitions manquent.

Le colonel donne alors à son régiment l'ordre de se replier pour éviter d'être encerclé.

 

 

Sources:

 

- Historique du 23e RIC

- JMO SHD Terre série 26 N

 

 


25/07/2011
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La correspondance de Fulbert Bedouet

 

 

Il y a quelques semaines, un collectionneur nous a fait parvenir un ensemble de 32 cartes de correspondance militaire d'un poilu mayennais. Celles-ci s'étalent de février 1915 à juillet 1916.

Fulbert Bedouet, le signataire de cet ensemble, est né le 2 novembre 1894 à Saint-Germain de Coulamer, près de Courcité. Ses parents étant boulangers, il exerce avant guerre la profession de livreur de pain.

Classe 1914, Fulbert est incorporé le 4 septembre 1914 au sein du 104e régiment d'infanterie. Il est nommé caporal le 11 novembre 1914, puis sergent le 4 octobre 1915. Le 6 novembre 1915, il prend les fonctions de sergent fourrier à la 8eme compagnie.

 

En septembre 1915, il est cité à l'ordre de la division : « Excellent caporal, courageux, dévoué, volontaire pour toutes les patrouilles, a constamment fait preuve de sang froid, en particulier dans la nuit du 26-27 août 1915 en maintenant sur place sa patrouille, malgré le bombardement de l'ennemi donnant à tous l'exemple du plus grand calme ».

 

Fulbert Bedouet est tué à l'ennemi le 6 novembre 1916 devant Douamont alors que le 2e bataillon, qui occupait le quartier du bois Ablain, passe dans le quartier de la Couleuvre pour relever le 3e bataillon sous un bombardement continu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

15.02.1915

Je vous adresse vite quelques mots ce matin. Je n'ai que quelques instants de libres. Ça va toujours très bien. Je vous donnerai des détails dès que je le pourrai.

F. Bedouet

103e Bat de marche

14e compagnie

10e escouade secteur postal 71

 

21.09.1915

Chers parents et chère sœur,

Je n'ai pas encore eu les correspondances arrivées hier soir. Je ne suis pas encore relevé de mon service et la compagnie étant montée aux tranchées le vaguemestre est parti avec elle. Je dois aller la rejoindre ce soir à six heures.

Rien de bien intéressant ici, nous avons toujours du beau temps, c'est un avantage.

Bonjour aux (...)

Au revoir et à demain.

Votre fils et frère qui vous aime.

 

02.10.1915

Ma chère Estelle,

Vite je t'adresse un mot. Je suis toujours en cantonnement et pour quelques semaines encore peut être. Demain je t'écrirai plus longuement.

Au revoir

Ton frère qui t'aime.

 

04.10.1915

Ma chère Marie-Thérèse,

Je n'ai pu écrire hier. Je vais toujours très bien.

Au revoir à demain.

 

 

 

 

 

 

 

22.10.1915

Chers parents et chère sœur,

Vite un mot. Le vaguemestre passe pour prendre les lettres. Ça va toujours très bien. Je vous écris plus longuement tantôt.

Au revoir

 

27.10.1915

Chers parents,

Un mot seulement. Le vaguemestre passe. Ça va toujours très bien.

Au revoir et à demain.

Votre fils.

 

30.10.1915

Chers parents,

Ai reçu vos lettres alarmées. Soyez sans inquiétudes tout va bien. Envoyez si vous voulez capuchon et vivres (…) Envoyez aussi une bonne paire de quatre chaussettes et lainages, 1 passe montagne et mon chandail blanc (...)

Au revoir. Ecrirai le plus souvent possible.

 

 

12.12.1915

Chers parents,

Je suis entré à l'infirmerie avant hier. J'avais une assez forte fièvre mais ça va beaucoup mieux. Je vous tiendrai au courant de mon état tous les jours si c'est possible.

Au revoir

 

 

14.12.1915

Chers parents,

Je vous écris d'une ambulance du corps où je suis évacué depuis ce matin. De là je vais passer à un hôpital tout proche d'où je gagnerai probablement l'intérieur.

Au revoir

 

 

22.12.1915    Lettre de l'adjudant Janvier Adrien de la 8e compagnie

Chers Monsieur et Madame,

J'espère que vous avez reçu des nouvelles de Fulbert. Il m'a écrit aujourd'hui. Je lui renvoie cette lettre que j'ai reçu pendant qu'il avait pas eu le temps de vous avertir. J'espère qu'il va bientôt revenir avec nous car il n'était pas gravement malade c'était simplement un peu de fièvre.
En attendant le plaisir de vous connaître je vous envoie mes meilleures amitiés.

 

 

05.02.1916

Chers parents et chère sœur,

Je vous écris vite quelques lignes qui partiront ce soir. Je vais vous adresser une lettre
bientôt.

Au revoir

 

14.02.1916

Chers parents et chère sœur,

Je n'ai rien de neuf à vous raconter aujourd'hui. Je crois partir demain matin pour aller au repos mais je n'ai pas encore reçu d'ordre.

Au revoir et bon courage.

Votre fils et frère qui vous aime.

 

 

 

 

 

 

 

 

16.03.1916

Chers parents et chère sœur,

Je vous écris bien vite. Je n'ai guère de temps disponible. Ça va toujours à merveille. Demain j'aurai plus le temps de vous donner des détails.

Au revoir et bon courage.

Votre fils et frère qui vous aime.

 

17.03.1916

Chers parents et chère sœur,

Je vous écris à la hâte. Je suis occupé cet après midi. Tout va bien toujours.

Au revoir à demain.

Votre fils et frère qui vous aime.

 

18.03.1916

Chers parents et chère sœur.

Ça va toujours très bien. Aujourd'hui les boches ont été plus calmes.

Au revoir et à demain.

Votre fils et frère qui vous aime.

 

 

20.03.1916

Chers parents et chère sœur,

J'ai été très occupé toute la journée et je n'ai guère eu le temps d'écrire. Demain je serai un peu plus libre et je tâcherai de vous envoyer une lettre. Je vais toujours très bien. Vous aussi sans doute.

Au revoir et bon courage.

Votre fils et frère qui vous aime.

 

 

22.03.1916  Ferme de P.

Chers parents et chère sœur,

Ça va toujours à merveille. J'ai vu Julien hier soir et Chartier aujourd'hui.

Au revoir et à demain plus de détail.

 

2

7. ?. ?

Chers parents et chère sœur,

Ça va toujours bien. Je suis paresseux en ce moment et il ne faudrait rien moins que l'annonce de la fin de la guerre pour me décider à faire une lettre.

Au revoir à bon courage.

Votre fils et frère qui vous aime.

 

 

01.04.1916

Chers parents et chère sœur,

Je n'ai rien de nouveau à vous dire ce soir. Je vais beaucoup mieux. Mon œil ne me fait plus souffrir. Je porte un bandeau rapport qui fait du vent mais la paupière est presque désenflée.

Au revoir à demain.

Votre fils et frère qui vous aime.

Merci beaucoup des colis arrivés en bon état.

 

 

04.04.1916

Chers parents,

Je viens de recevoir votre lettre du 31. Ça va toujours ne vous inquiétez pas. Je suis paresseux un peu et bien occupé voilà tout.

Au revoir et à demain.

 

0

9.04.1916

Chers parents et chère sœur,

J'ai eu ce matin vos deux lettres du 1er et 2. Ça va toujours à merveille et je ne me ressens aucunement de mon indisposition de la semaine passée.

Au revoir et bon courage.

Votre fils et frère qui vous aime.

 

22.04.1916

Chers parents et chère sœur,

Ça va toujours à merveille. Je suis pressé et n'ai guère le temps d'écrire.

Au revoir

 

2

9.04.1916

Chers parents et chère sœur,

Je vous écris des tranchées où la compagnie se trouve depuis un jour. Le coin est des plus calmes, c'est un vrai paradis. Surtout plus jamais d'exercices quel bonheur. Il y a bien quelques obus mais (…) les boches tapent toujours à côté.

Au revoir et à demain.

 

 

01.05.1916

Chers parents et chère sœur,

Je n'ai rien de nouveau à vous dire aujourd'hui. Est-ce que Planchais vous a remis les photos que je lui avais données ?

Au revoir et à demain.

Votre fils et frère qui vous aime.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

03.05.1916

Chers parents et chère sœur,

Je n'ai encore rien de nouveau à vous dire ce soir. Le secteur est toujours calme et les boches tranquilles. J'ai vu Julien et P. Jardin ce soir.

Au revoir et à demain.

Votre fils et frère qui vous aime.

 

07.05.1916

Chers parents et chère sœur,

Je n'ai rien de nouveau à vous dire aujourd'hui. La compagnie est arrivée au cantonnement ce matin pour y rester une huitaine.

Au revoir et à demain.

Votre fils et frère qui vous aime.

 

 

13.05.1916  Ambulance ¼  SP 71

Je me suis trouvé mal hier dans l'après midi et ce matin le major m'a évacué pour courbature fébrile. Ce n'est rien, pas d'inquiétudes. Je vais bientôt être guéri.

Au revoir.

 

 

17.05.1916  Ambulance ¼  SP 71

Chers parents et chère sœur,

J'ai reçu ce matin votre lettre et les (…). Merci beaucoup. Je vais toujours assez bien et je crois être guéri sous peu.

Au revoir à demain.

 

 

27.05.1916  Ambulance ¼  SP 71

Chers parents et chère sœur,

J'ai vu S. Lepert hier soir encore en rentrant de l'ambulance chirurgicale où j'avais été voir Hozan qui n'est pas encore parti. Je le croyais évacué l'autre jour mais il était à la salle d'opération pour subir un nouveau plâtrage de sa jambe.

Au revoir

 

 

04.06.1916  Ambulance ¼  SP 71

Chers parents et chère sœur,

Je n'ai rien eu de vous ce matin. Ce sera pour demain. Je vais toujours bien et je vais demander à rejoindre ma compagnie si le mieux continue. Je crains de perdre ma place.

Au revoir et bon courage.

Votre fils et frère qui vous aime.

 

 

02.07.1916

Chers parents et chère sœur,

Je ne connais rien de nouveau à vous dire aujourd'hui. Il fait un temps magnifique depuis deux jours et à la compagnie nous sommes tranquilles.

A demain.

Votre fils et frère qui vous aime.

 

03.07.1916

Chers parents et chère sœur,

Je n'ai rien encore rien de nouveau à vous dire aujourd'hui. Je vais toujours bien et à la compagnie de dépôt la vie est toujours tranquille.

Au revoir et bon courage.

Votre fils et frère qui vous aime.

 

 

 

 

 


23/07/2011
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Le capitaine robert de Raulin

 

 

 

 

 

 

Né le 30 juin 1881 à Mayenne, rue Saint François. Robert est le fils de Jules de Raulin, avocat et ancien conseiller d'arrondissement de la ville de Mayenne, et de Marie Bardet. Il entre en 1899 au collège Saint-Vincent de Rennes pour y suivre le cours préparatoire de Saint-Cyr. Admis en août 1900, Promotion « Du Tchad 1900-1902 »

 Sous-lieutenant en 1902, puis lieutenant en 1904 au 13e BCA en garnison à Chambéry, il est affecté en 1911 au 1er régiment étranger et fait trois ans de campagne en Algérie et au Maroc. En mai 1911, il participe au raid sur Guercif et à l'attaque du camp de Merada en pleine zone insoumise. Il recevra la médaille commémorative du Maroc.

 

Promu capitaine au 2e régiment d'infanterie en décembre 1913. En janvier 1914, il est affecté au 25e BCP de Saint-Mihiel et se marie à Paris le 13 avec Marie Faber. Il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur le 27 mai 1914.

 

Dès la déclaration de guerre, le capitaine de Raulin accompagne son unité sur la frontière lorraine.

 

Blessé à Mangiennes près du bois Deffoy, il est cité à l'ordre de l'Armée : « Sérieusement blessé le 24 août 1914 en regroupant son unité pendant un mouvement de repli ; non encore complètement remis de sa blessure, 15 jours après, a rejoint son corps, bien que compris dans un convoi d'évacuation sur l'intérieur »

 

Le 25e BCP combat à Vaux-Marie, dans la Meuse, en septembre 1914, aux Jumelles d'Ornes et à Saint-Mihiel. Pendant l'hiver 14/15, le capitaine de Raulin commande son bataillon par intérim en secteur à Rouvrois-sur-Meuse.

 

 

 

 

 

 Fond de carte La crête des Eparges, Payot 1939

 

 

 

 

Le 21 mars 1915, le bataillon est au cantonnement à Rupt-en-Woëvre dans l'attente d'une opération aux Eparges décidée par le 6e CA. Le 26, robert de Raulin effectue avec le chef de bataillon Cabotte et le capitaine Breton, la reconnaissance du petit bois des Eparges.

Le général Herr exige d'achever la conquête de l'éperon Est de la crête. Aux ordres directs de la 12e DI, l'attaque sera menée par trois compagnies du 25e BCP et deux du 54e RI.

 

 

 

 

Aux Eparges, un boyau de communication.

 

 

 

Le samedi 27 mars 1915 à 4 heures, les unités du 25e BCP occupent leurs emplacements d'attente dans le bois. Le capitaine de Raulin, souffrant d'une forte entorse au pied depuis la nuit précédente, est à la tête de sa 3eme compagnie. Elle va constituer la gauche du dispositif.

Dès le lever du jour, l'artillerie allemande pilonne les positions françaises. Les trois compagnies massées dans les rares abris subissent déjà de terribles pertes. A 8 heures, ce sont nos batteries de gros calibre qui entament leur préparation, avec du mortier de 220 et du 155 TR.
A 13h00 c'est un déluge de feu ennemi qui s'abat sur les chasseurs. A 15h00, c'est au tour de l'artillerie de campagne d'entrer en action. Certains tirs sont trop courts et tombent sur nos lignes. A 15h30, les troupes prennent leur dispositif d'attaque. Deux sections de la compagnie de Raulin sont en 1ere ligne face au point X. Les deux autres sections sont en seconde ligne.

 

A 16h00, les clairons sonnent la charge. Le capitaine de Raulin bondit. Les mitrailleuses allemandes  en position sur le point X fauchent la ligne à deux ou trois mètres de sa tranchée de départ. Le capitaine de Raulin continue de se porter en avant et tente d'aborder X par l'ouest. Tous les cadres de sa compagnie tombent les uns après les autres : les lieutenants de Rouyn et Collot sont tués net. Robert de Raulin franchit encore quelques mètres puis est fauché par un éclat d'obus au cou.

La compagnie Dumont (2/25) ne peut progresser. Le 54e RI sera plus chanceux et parviendra à la ligne des points I et E, s'emparant de 150 mètres de tranchées.

A 17h00, l'attaque française est terminée.

 

Le capitaine robert de Raulin sera cité à l'ordre de l'Armée : « Tué glorieusement à la tête de sa compagnie qu'il entraînait à l'assaut ». Son corps repose actuellement à la Nécropole Nationale « Faubourg-Pavé », n°62.

 

 

 

Sources :

  • Fiche matricule aux AD de la Mayenne

  • Livre d'Or du Collège Saint-Vincent de Rennes

  • Historique du 25e BCP

  • La crête des Eparges, commandant R. de Fériet, Payot 1939

  • JMO de la 12e DI, SHD Terre

  • JMO du 6e CA, SHD Terre

 

 


17/07/2011
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Soldat de 1er Classe Emmanuel Georges François Rouiller (1889-1983)

 

 

M. Jean-Claude Piffret, petit-fils d'Emmanuel Rouiller, nous a aimablement ouvert les archives familiales pour nous dresser le portrait de son grand-père. Qu'il en soit içi chaleureusement remercié.

 

Il va de soit que ces documents et photos sont la propriété exclusive de la famille Rouiller/Piffret.

 

 

 

 

Né le 2 décembre 1889, à Laigné, arrondissement de Château-Gontier (Mayenne), Emmanuel Georges François est l’unique enfant d’Emmanuel Jean Rouiller son père, marchand de nouveautés, et de Marie Anna David sa mère, qui décédera le 15 août 1892, alors qu’il a à peine trois ans. Son père épouse en seconde noce Marie Joséphine Julienne Menager, de cette union naît un fils, son frère, Marcel Edouard Raphaël en 1895, qui sera porté disparu le 26 septembre 1915 à Souain pendant l’offensive de Champagne. Son père et sa belle-mère décéderont tous deux en septembre et octobre 1918 de la grippe espagnole.

 

Mayennais de souche, son grand-père Emmanuel Jean Rouiller, né à Cuillé en 1833, est aubergiste et sa grand-mère Jeanne Marie Françoise Trovalet, née à Senonnes en 1838, est épicière, tous deux tenant commerces à Laigné. Son grand-père, pendant son service militaire au 11e régiment d’infanterie, participe aux campagnes de Crimée et d’Italie.

 

Emmanuel Georges François fait son apprentissage de peintre décorateur dans l’entreprise de peinture Louis Morillon à Château-Gontier. Puis de 1908 à 1910, accomplit son Tour de France comme Compagnon et passe, le 16 février 1909 son Conseil de révision à Draguignan (Var)

 

Service militaire

 

 

 

16 février 1909 – Classe 1909, convocation du Conseil de révision, Draguignan (Var)

 

 

 

 

 

 Fin 1910 – Emmanuel Rouiller, jeune recrue.

 

 

 

24 août 1912 – Certificat de bonne conduite d’Emmanuel Rouiller.

 

 

 

Emmanuel Georges François Rouiller rentre au pays en septembre 1910 et le 5 octobre, il est incorporé à la 8e compagnie du 130e régiment d’infanterie de Mayenne, pour effectuer son Service militaire. Ses classes faites, il obtient son brevet de Prévôt d’escrime et donne par la suite des leçons aux gradés du régiment. Il fait aussi partie de la musique et participe comme acteur à des séances récréatives organisées par le 130e. Le 8 février 1911, il est nommé soldat de 1er classe.

 

 

 

 

Fin 1910 – La 8e compagnie du 130e régiment d’infanterie.

 

 

 

16 novembre 1910 – La corvée de patates à la caserne Mayran en la ville de Mayenne.

 

 

 

19 décembre 1910 – Séance récréative, la revue « Tout en Rose », caserne Mayran.

 

 

 

 

1911 – Bref séjour de 10 jours à l’hôpital de Mayenne pour une angine.

 

 

 

 

1911 – Avec les « bleus » du 130e RI.

 

 

 

 

10 avril 1911 – Séance récréative, « Chante clair », caserne Mayran.

 

 

             

 

Etat nominatif des gradés devant prendre des leçons d’escrime, du 6 au 13 mai 1912.

Au dos, dessin du Prévôt d’escrime, Emmanuel Rouiller.

 

 

 

1912 – Emmanuel Rouiller Prévôt d’escrime –

 

 

 

 

La leçon d’escrime aux gradés du 130e RI.

 

 

 

Le 28 septembre 1912, Emmanuel Rouiller retourne à la vie civile. Il reprend son activité de peintre en lettres et décorateur chez Louis Morillon à Château-Gontier et épouse, à Saint Laurent des Mortiers (Mayenne), le 25 novembre 1913 Marguerite Geneviève David, couturière et fille d’agriculteur, domiciliée dans cette commune.

 

 

 

Le 2 août 1914, c’est la mobilisation générale, le 4, Emmanuel Rouiller rejoint son corps, le 130e régiment d’infanterie et est affecté comme téléphoniste de 1er classe à la 8e compagnie du 2e bataillon. Le 5, il part sur le front et le 10, c’est la bataille de Mangiennes, le premier combat de la Grande Guerre sur le sol de France, où il reçoit son baptême du feu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De sa Guerre, notre grand-père en parlait peu, si ce n’est quelques rares anecdotes racontées lors des réunions familiales. Nous ne connaissions donc presque rien de ses années passées au front, jusqu’en 2005, où nous avons découvert son carnet manuscrit retraçant ses deux premières années de guerre, du 4 août 1914 au 2 juillet 1915, l’Historique du 130e qu’il avait dédicacé, une trentaine de photos et quelques objets personnels.

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce carnet est une histoire parmi tant d’autres … Il est le témoignage immortel, pour les générations présentes et futures, de ce que fut la Grande Guerre et le sacrifice de nos aïeux. Ce récit anecdotique est parfois loin d’être celui d’une guerre, en racontant, les joies des rencontres avec des amis servants dans d’autres régiments ou avec un oncle, les fêtes religieuses passées au front et les instants de bien être vécus lors des haltes ou cantonnements

 

Carnet - 1914-1915

 

Batailles d’août à décembre 1914

Mangiennes 10 août – Virton (Belgique) 22 août

Morienval 14 septembre – Moulin-sous-Touvent 16 septembre

Réthonvillers 23 septembre

 

Le lendemain occupation de tranchées à droite du pays, le soir repli et 6 jours de suite occupation de tranchées devant Carrépuit à 2 kilomètres. de Roye.

Repli à Erches, ensuite le lendemain Rouvroy-en-Santerre, le Quesnoy-en-Santerre, Fouquescourt, tout cela en 5 jours, ensuite repli encore et occupation d’Erches, tranchées devant ce pays, nous progressons petit à petit …

 

Bataille d’Andechy – 4 novembre1914.

 

L’attaque d’abord fixée à 8 heures, est reportée à 10h45 en raison du brouillard. Le 2e bataillon se met à hauteur du 1er et tous deux se portent en avant. Aussitôt de nombreuses batteries ennemies de tous calibres, dirigent simultanément un feu extrêmement violent et précis. Malgré les rafales, malgré les pertes, les bataillons progressent sur 300 mètres. C’est à ce moment que se déclenchent des feux de mousqueterie et de mitrailleuses sur les deux côtés de l’attaque française. Les bataillons se terrer d’abord, puis ils tentent d’avancer en rampant

Même le commandant Manet (2e bataillon), tenace, veux essayer de charger à la baïonnette, mais il doit s’arrêter à 400 mètres du village, son bataillon étant décimé. Cette journée a coûté au 130e, 678 hommes tués, blessés ou disparus …

 

Par deux fois, pendant la charge à la baïonnette, Emmanuel Rouiller, aurait pu être le 679e homme, … Une balle allemande traverse son havresac et un carnet se trouvant dans celui-ci, pour terminer sa course dans les plis de son scapulaire et un scrapnel d’un obus de 77 perfore sa gamelle fixée sur le dessus de son havresac, derrière sa tête.

 

 

 

 

 

 

 

 

Vers la fin du mois dans la nuit tranchées faites de 100 à 200 m. en avant d’Andechy.

Occupation de ce terrain jusqu’au 29 décembre.

29 décembre sorti des tranchées devant Andechy – Guerbigny – Erches, passé par Mondidier, cantonné à Royaucourt (Oise)

Le 30 départ à 11 heures pour Maignelay (embarquement) Débarquement à Châlons-sur-Marne vers 10h du matin le 31. Grande halte à la sortie de Châlons. Arrivée La Cheppe (Marne)

 

Janvier 1915

Nous sommes restés jusqu’à la moitié du mois de janvier. Après changement de cantonnement avec la 7ème Division à St Hilaire-au-Temple, pendant ce séjour dans ce patelin je passe à l’équipe téléphonique section H.R. à la fin du mois à Dampierre.

 

Février 1915

Départ le 6 février pour changer de cantonnement, encore, avec cette fois-ci le 117e et le 115e (le 124e nous suit toujours) à Courtisols. Dans ce nouveau pays j’ai le bonheur de voir mon oncle et de passer une bonne partie du dimanche 7 avec lui.

Départ de Courtisols le 12. Marche sous la neige, arrivée à la ferme de Frémont (direction Suippes), cantonnés le soir dans le bois. Le lendemain 13, l’équipe téléphoniste reste, nous venons cantonner dans la ferme de Frémont (grande belle ferme des haras de l’état)

Le 16 départ pour venir à Suippes, position dans les bois entre Suippes et Perthes, dans la nuit ont revient à Suippes cantonner.

Le 17 on reste dans le cantonnement, le soir départ pour aller cantonner à Suippes, toujours près de la gare (belle petite villa vue le papier de ma chambre)

Le 18 départ, occupation des tranchées par les compagnies près de Perthes (attaques sur attaques cela donne dur), 18 – 19 – 20 – 21 même endroit, nous cantonnons à la maison forestière (l’équipe téléphonique), bombardements près de la ferme.

Cantonnement en arrière le 22. Le 23 le 130e quitte les tranchées (côte 204 – brigade) et vient au repos à La Cheppe (Marne) 16 km en arrière. 24 repos.

25 départ pour revenir dans les tranchées quittées 2 jours avant, même endroit. 26 – 27 – 28 février / mars 2 – 3.

 

 

 

 

 

Sergent Armand Collet, 324e régiment d’infanterie, 24e compagnie.

A son ami Emmanuel Rouiller, en souvenir de la campagne 1914-1915 (photo prise au bois de Fosses, Marne)

 

 

 

 

Campagne 1914-1915 – L’équipe des téléphonistes du 130e, en souvenir de P. Labonde.

 

Mars 1915

Le 4 mars départ pour venir au repos à La Cheppe.

Départ le 10 pour venir cantonner dans un bois appelé « côte 152 – division », en arrière un peu du front, à la hauteur du pays appelé Somme-Suippes. Reste à cet emplacement les 10 – 11 – 12 – 13.

Départ le 14 pour venir à la « côte 204 - brigade » Le 130e occupe les tranchées 1 jour seulement.

Départ le 16 pour venir au repos à La Cheppe. Reste au repos à La Cheppe jusqu’au 21 Passé le dimanche de la Passion à La Cheppe et fait mes Pâques. Vu les deux Desaitres et Leyeux plusieurs fois pendant ce repos.

Parti de La Cheppe le 22 à 2 heures du matin pour venir au Petit Mourmelon (Marne), changement de secteur. Reste au repos dans ce pays le 23 et le 24.

Le 24 à 5 heures du soir, occupation des tranchées qui se trouvent à moins de 7 ou 8 kilomètres en avant. Mon atelier prend le service dans un poste dans Mourmelon même, nous sommes très bien.

Dimanche des Rameaux je vais à la Grand-messe, à la bénédiction et à la procession au cimetière, un soldat fait un discours sur les tombes des soldats enterrés dans ce cimetière. Remarqué dans ce pays, offices et fêtes à l’église sont faites comme si nous étions à 20 kilomètres en arrière.

 

Avril 1915

Je fais mes Pâques le jeudi Saint à la messe de 7 heures. Je retourne l’après-midi à l’église pour assister au chant du Stabat-Mater et au sermon sur la Passion.

Vendredi Saint je vais l’après-midi à l’église pour adorer la croix.

Dimanche de Pâques je vais à la Grand-messe militaire à 9 heures 30. Un prêtre (infirmier) fait un sermon magnifique, il parle très bien. L’après-midi je ne peux aller aux vêpres, mais je retourne à l’église un petit moment vers 4 heures.

Voilà comment j’ai passé mes fêtes de Pâques 1915. Belles fêtes qui sont gravées à jamais dans ma mémoire vu les tristes jours que nous traversons.

Mon oncle est en ce moment tout près de Mourmelon, j’ai eu encore le bonheur de le voir le soir, il était 6 heures du jeudi Saint.

Depuis que nous sommes (mon atelier toujours) à Mourmelon, toujours très bien, je fais le cuisinier, nous mangeons avec les bonnes gens propriétaires de la maison, à table avec eux souvent dans la salle à manger dans des assiettes, cela semble bon depuis que nous mangeons dans nos gamelles. En un mot, je n’ai jamais été si bien.

24 avril, toujours au même poste.

Le 18 avril, j’ai eu la visite de mon camarade Rousseau, nous avons été ensemble à Vaudemanges (petit pays en arrière à 6 kilomètres) voir Boivin. Charmante journée passée ensemble tous les trois. L’après-midi promenade à bicyclette à Trépail, petit pays à 4 kilomètres. Visite à la montagne de Reims où est placé l’observatoire découvrant les tranchées allemandes (vu magnifique), observatoire placé pour régler les tirs d’artillerie. Nous sommes montés tous les trois à l’échelle placée dans un arbre. Visite aussi à Trépail d’un chef-d’œuvre fait par un habitant du pays, sculpture dans un morceau de pierre blanche de la cathédrale de Reims. Avant de ce quitter, nous avons eu le plaisir de nous faire photographier tous les trois sur le bord du canal de l’Aisne à la Marne.

Le 25 avril, j’ai eu la visite de mon oncle ainsi que des deux Desaitres, nous passons une charmante après-midi à Mourmelon.

 

 

 

 

18 avril 1915 – Sur les bords du canal de l’Aisne à la Meuse.

De gauche à droite, Rousseau, Boivin et Rouiller.

 

 

 

 

 

Campagne 1914-1915 – Souvenir de mon camarade Rousseau

(1er rang à droite) du 4e régiment d’infanterie.

 

Mai 1915

Le 2 mai Michaut téléphoniste est rappelé à Paris comme ancien sapeur-pompier, un bon camarade que je regrette beaucoup.

Le 3 mai, nous changeons notre poste, nous le transportons à la Poste.

Le 6, j’ai l’heureuse surprise de voir Ménard du 104e.

Le 9, j’ai la visite de ce cher Rousseau et de Charnier, nous passons encore une agréable journée ensemble.

Le 13, jour de l’Ascension, je vais à la messe à 6 heures 30 comme je fais tous les dimanches depuis que je suis à Mourmelon. Je m’approche de la Sainte Table à l’occasion de cette belle fête.

Le 16, fête de la bienheureuse Jeanne d’Arc, j’en fais autant, ainsi que le dimanche suivant, le 23, fête de la Pentecôte. A toutes ces fêtes là, je suis retourné à la grand-messe militaire à 9 heures 30, où il y a toujours de bien joli sermon. C’est l’aumônier du 317e qui fait office de curé de la paroisse, car le curé de Mourmelon est mobilisé.

Le 16, j’ai la visite de plusieurs camarade, Rousseau, les deux Desaitres et Ménard, nous passons une agréable après-midi.

Le 23, J’ai la visite de mon oncle, encore une charmante après-midi passée à la campagne.

La fin de mai se passe, rien à signaler de particulier.

 

 

 

 

 

 

1915-1916 – Photos prises dans les tranchées,

le petit poulet pour améliorer l’ordinaire...

 

 

 

 

 

... et l’instant de repos.

 

 

Juin 1915

Dimanche 6 juin, fête de la Fête Dieu et procession du Saint Sacrement. Ces processions étaient supprimées dans ce pays avant la guerre, elles sont rétablies. La procession à lieu l’après-midi, après les vêpres, c’est l’aumônier du 130e qui officie. Vers 3 heures, je peux m’absenter un peu et je suis le très Saint Sacrement, j’assiste à la bénédiction des tranchées et à la bénédiction d’un des reposoirs. Il y a deux reposoirs, ils sont très bien malgré la courte organisation qu’il y a eu. En résumé, belle procession par un temps splendide, charmante journée.

Le vendredi 11, fête du Sacré-Cœur, je vais à la messe le matin et je m’approche de la Sainte Table en l’honneur de cette belle fête.

Samedi soir, 5 heures, nous apprenons que nous changeons de secteur et que le 101e d’infanterie va nous remplacer. Nous allons donc être obligés de quitter Mourmelon que nous habitons depuis 2 mois 1/2. Ce n’est pas sans une certaine émotion que nous apprenons cette nouvelle car nous allons regretter notre ancien poste. Le soir, nous préparons nos malles, nous couchons encore à Mourmelon. Je regrette ce départ car j’avais souvent la visite de mon oncle et de camarades, mais il faut partir (c’est la guerre)

Dimanche matin 13 à 9 heures 30, nous quittons ce pays non sans avoir fait tous nos adieux. Nous allons à Sept Saulx (petit pays à 5 kilomètres) rejoindre le régiment et l’équipe téléphonique. Nous restons la journée dans ce patelin.

Le soir à 6 heures 30 nous partons huit et un caporal avec le 3e bataillon pour prendre position dans les tranchées. Nous arrivons à minuit, je suis dans un poste de tranchée en 1er ligne. Nous ne sommes pas trop mal, dans une cahute creusée à 3 mètres sous terre.

Nous sommes trois par poste, nous n’allons pas au repas, nous ne quittons jamais ce réduit souterrain sauf pour se promener un peu dans les boyaux visiter la ligne ou on va se promener au poste du commandant ou du colonel.

Nous avons cependant le droit, avec une permission de notre lieutenant, sous la conduite d’un caporal, à aller se promener à Sept Saulx. Je n’y suis encore pas allé, c’est trop loin, je pense pas y aller encore tout de suite.

Nous avons aménagé notre cahute assez bien (c’est moi qui ai eu la préférence pour ce travail), nous avons pas mal de paille comme lit. Enfin en un mot, nous ne sommes pas trop mal, mais cela ne vaut pas tout de même le pays de Mourmelon. Là nous avons eu le bon poste, c’est juste que nous sommes maintenant en tranchée.

Le secteur que le régiment occupe, comme toute cette contrée, est très tranquille, quelques coups de canon dans la journée et c’est tout.

Nous ne sommes pas très loin de l’endroit que le régiment occupait auparavant, nous avons simplement appuyé 5 ou 6 kilomètres plus à gauche, en revenant sur Reims. L’autre secteur se trouvait entre Baconnes et Prosnes, nous sommes maintenant à gauche de Prosnes (assez loin)

 

 

 

 

 

1916 – L’équipe de la roulante de la 8e compagnie du 2e bataillon, 130e RI.

 

 

 

 

 

Le secteur que nous occupons maintenant n’est pas si bien paraît-il que l’autre (je le sais par des camarades, car je n’y suis jamais allé)

Il y a eu un changement dans les divisions, dans les brigades, voilà pourquoi nous sommes partis de l’ancien secteur. Le 124e avec qui nous faisions brigade marche maintenant avec le 101e et nous, le 130e, avec le 317e. C’est assez drôle mais il ne faut pas chercher à comprendre (c’est militaire)

Les pays qui se trouvent en arrière sont Sept Saulx et Thuizy.

 

Juillet 1915

Jusqu’au 1er juillet journées très calmes.

Le 2 juillet vers 16 heures, bombardements gros calibre (150 paraît-il), aucun dégât …

 

Le récit s’arrête à cette date, mais la guerre continue pour Emmanuel Rouiller …

Dans le courant de 1915, il est muté à la roulante de la 8e compagnie du 2e bataillon et termine la guerre à ce poste.

 

Offensive de Champagne, septembre 1915

 

Ils sont trois de la même famille à participer à cette offensive le 26 septembre 1915. Emmanuel Rouiller du 130e RI, son frère Marcel du 54e RI et son beau-frère Francisque David du 150e RI.

Les trois régiments sont engagés le 26 septembre dans le même secteur, délimité par la vallée de Py, la Ferme Navarin, Souain et l’Epine de Védegrange. Seulement 2 à 3 kilomètres séparent chaque régiment, le 130e est au centre, le 150e à sa gauche et le 54e à sa droite. Coïncidence ou fatalité, les deux frères et le beau-frère se retrouvent presque côte à côte dans cette offensive. Des trois, seul Emmanuel Rouiller en revient, son frère Marcel est porté disparu à Souain et son beau-frère Francisque David décéde le 3 octobre, à Rony (Marne), des suites de ses blessures.

Cette triste anecdote est certainement celle que notre grand-père nous a le plus raconté, en terminant par cette phrase « c’est peut-être mon frère qui repose sous l’Arc de Triomphe ? »

 

 

 

 

 

17 octobre 1916 – Visite d’Emmanuel Rouiller à des amis du 44e régiment d’artillerie.

 

 

 

 

Entrée d’une sape, secteur de Beausejour, 4e batterie du 44e d’artillerie.

 

 

 

 

 

1916 – Emmanuel Rouiller.

 

 

 

1917 – Le poste de la roulante de la 8e compagnie du 2e bataillon, 130e RI.

 

 

 

1918 – L’équipe dans le poste de la roulante de la 8e compagnie du 2e bataillon, 130e RI.

 

 

 

 

1917 – La roulante de la 8e compagnie du 2e bataillon, 130e RI, en campagne.

 

 

 

1917 – Un puit dans une tranchée en Champagne.

 

 

1918 – Roulante de la 8e compagnie du 2e bataillon ,130e RI, la distribution du « rata »

 

 

 

 

 

 

1918 – L’équipe de la roulante, 8e compagnie du 2e bataillon 130e RI, au repos après la distribution.

 

 

 

Citation à l'ordre du régiment n° 38 du 22 juin 1918 :

« Au front depuis le début de la Campagne, soldat brave et courageux, d’un dévouement inlassable a contribué à assurer le ravitaillement de sa compagnie dans des circonstances particulièrement difficiles et sous de violents bombardements."

(Perthes, février 1915 – Champagne, septembre 1915 – Verdun, juillet 1916)

 

 

 

 

 

 

Livret militaire, page 4, campagnes, citation et distinction.

 

 

 

 

 

Croix de Guerre avec étoile de bronze, fourragère du 130e RI et drapeau d’une association.

 

 

 

 

1916 – Emmanuel et Marguerite Rouiller.

 

 

 

 

Emmanuel Rouiller est démobilisé le 19 juillet 1919 et rejoint son foyer où l’attendent son épouse et sa petite fille Emma, née le 28 août 1917 à Château-Gontier (Mayenne)

De retour à la vie civile, il reprend ses activités professionnelles et associatives (sports et théâtre) Le 15 octobre 1920, naît son fils Marcel à Champigné (Maine-et-Loire), prénom donné en mémoire de son frère.

En 1930, il quitte sa Mayenne natale pour monter à Paris. Ses enfants, Emma et Marcel, lui donnent trois petits-enfants, Jean-Claude en 1943, Jacques en 1946 et Michel en 1949.

En 1955, il prend sa retraite bien méritée, à Saint-Vrain (Seine-et-Oise, devenu 91), où il décéde le 28 août 1983, à l’âge de 94 ans.

 

Texte, photos et documents familles Rouiller-Piffret – Tous droits de reproduction réservés.

 

 

 

 


10/04/2011
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